Plaidoyer pour les mauvaises herbes

Plaidoyer pour les mauvaises herbes

C’est bien connu, les mauvaises herbes, c’est moche, c’est sale, c’est envahissant. Cet article pourrait s’achever ici, car tout est dit n’est-ce pas ? Bon, mais si vous avez cinq minutes à perdre pour ces vilaines plantes, alors je vous propose de creuser un peu plus le sujet.

 

Les mauvaises herbes ou « herbes au mal »

Dans l’imaginaire collectif, les mauvaises herbes ce sont celles dont on cherche à se débarrasser. Celles qui n’ont su trouver d’intérêt à nos yeux et qui ont le culot de s’inviter dans nos jardins et espaces verts. Mais à l’origine ce n’est pas tout à fait ça ! Au Moyen-Age, l’expression exacte était « herbes au mal » … car elles étaient reconnues pour leurs vertus ! Elles étaient utilisées pour soigner différentes maladies ou pour d’autres propriétés intéressantes dans la vie de tous les jours. L’expression a évolué, passant par « malesherbes » avant de passer à « mauvaises herbes ». Avec un nom pareil, et – avouons-le – une perte progressive des savoirs et de l’intérêt pour la botanique, il n’a pas fallu longtemps pour que leur réputation soit faite.

 

Qui sont les mauvaises herbes ?

Je vous en ai sélectionné cinq parmi les plus courantes :

  • Le liseron des champs

mauvaises herbes

Je démarre avec celle-ci car c’est avec elle que j’ai entendu pour la première fois parler de « mauvaises herbes ». Pour l’anecdote, je me rappelle que toute petite, alors que nous étions en Bretagne, j’avais eu un coup de cœur pour ces grosses fleurs blanches. J’avais dû demander leur nom, et obtenu pour réponse « mauvaises herbes ». C’était réglé, le liseron pouvait redescendre de son piédestal. Et encore plus lorsqu’on sait qu’il étrangle les autres végétaux en s’enroulant sans aucune pitié autour d’eux.  Il s’agit d’un rhizome assez résistant qui se développe rapidement. Cependant, pour sa défense, le liseron attire les abeilles (un bon point pour la pollinisation) et certains insectes prédateurs des pucerons. Ses racines très profondes permettent de plus de faire remonter certains oligo-éléments. Enfin, cette plante a des vertus purgatives.

  • Les orties

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Qui n’a jamais pris un bain d’orties après qu’on lui ait dit que c’était bon pour activer la circulation du sang ? (ok, ne me dites pas que je suis la seule ? expérience de colonie de vacances … je confirme pour la circulation du sang … et je confirme également que c’est une grooooosse connerie d’essayer … on était quelques-uns à avoir testé, on a vidé les tubes de Biafine les jours qui ont suivi).
Avec l’ortie, vous avez à votre disposition une réserve de nutriments et de minéraux. On peut la consommer comme une herbe hachée, cuite ou en infusion. Au jardin, sous forme de purin, elle sera à la fois un engrais naturel, un répulsif et un antifongique.

  • Les boutons d’or (ou renoncules rampantes)

mauvaises herbes

Oh cette fleur-là ne s’en tire pas trop mal en général car il faut avouer qu’elle est mignonne comme tout et que son nom éclipse sa désignation de mauvaise herbe. Fraiche, elle est toxique, elle ne peut donc être consommée que séchée ou cuite. D’un point de vu médical, elle est intéressante de par ses vertus analgésiques.

  • Le Chiendent

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Là aussi un rhizome qui ne fait pas l’unanimité ! Une fois installé, il devient compliqué de s’en débarrasser. A éviter particulièrement à proximité des plantes céréalières, car elle peut contribuer à la propagation de champignons et virus sur ces cultures. A côté de cela, c’est pourtant une plante intéressante pour de nombreux maux (calculs rénaux, problèmes urinaires, coliques néphrétiques, inflammations de la prostate, etc.). Par le passé, on en donnait souvent aux chiens pour les soulager de certaines infections, cet usage pourrait d’ailleurs bien être à l’origine de son nom « chiendent » / « dent de chien ».

  • L’Oxalis (ou faux trèfle)

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L’oxalis ressemble à s’y méprendre à du trèfle. A la différence du trèfle, ses feuilles ne sont pas rondes, mais en forme de cœur et ses fleurs sont assez différentes.
Cette plante est très envahissante. Ses feuilles et fleurs sont comestibles, mais à petites doses, sinon elle devient toxique !
L’oxalis est recommandé en cas de problèmes de peau et de fièvre. Cette plante est également dépurative, antiscorbutique et diurétique.
On rencontre de plus en plus l’oxalis dans nos intérieurs où il a su se faire une place parmi nos plantes d’ornement.

 

Au travers de cet article, j’espère vous avoir un peu réconcilié avec ces herbes mal-aimées … et si ce n’est pas le cas, RDV au prochain article !

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4 réflexions sur « Plaidoyer pour les mauvaises herbes »

  1. Coucou Camille 🙂
    Récemment (tu regarderas à l’occasion sur mon article parlant du désherbeur) je me suis faite réprimandée parce que j’avais employé le terme « mauvaises herbes », honte à moi j’aurais du écrire « herbes sauvages », on ne m’y reprendra plus … J’adore ton article qui redore le blason de ces plantes mal aimées qui ont pourtant beaucoup de vertus, et dont je ne connaissais pas l’histoire de l’expression. J’ai hâte de lire la suite 🙂
    Bonne fin de journée, bises !!

    1. Bonjour Nathalie !
      Ah oui je viens de voir le commentaire ! Effectivement ce lecteur n’y a pas été de main morte !
      Et d’ailleurs c’est bien dommage, personne n’est exemplaire … moi la première … je m’en rends compte des fois que je fais des choses par automatisme sans penser à l’impact sur l’environnement derrière … mais le principal n’est-il pas de s’en rendre compte et d’essayer progressivement d’y remédier ? Bref, tout ça pour dire qu’il me semble préférable d’essayer d’informer et de sensibiliser les gens plutôt que de se positionner en donneur de leçon.
      bon week-end 😉

  2. Merci Camille d’avoir défendu et réhabiliter ces pauvres et belles fleurs et plantes que l’on a désignées un peu arbitrairement « mauvaise herbes ». Pour moi, elles ont toujours eu le droit « de vivre » , d’autant et vous l’expliquez fort bien, certaines ont leur utilité. Intéressant l’explication sur le chiendent, que j’ignorais…

    1. En écrivant cet article ça m’a également fait réfléchir ! L’Homme veut imposer ses règles (et critères esthétiques arbitraires) à la nature, mais sans forcément réfléchir à l’écosystème.
      Comme on dit, il faut de tout pour faire un monde ! Peut-être les limiter dans certaines plates bandes, mais leur laisser toute de même un petit coin dans le jardin … 🙂

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